Et si recommencer ailleurs n’était pas la solution ?

Pendant des années, j’ai cru qu’à chaque fois que quelque chose n’allait pas dans ma vie, il fallait fuir. Partir. Changer de décor. Recommencer. J’ai eu cette habitude bien ancrée : prendre mes valises, monter dans ma voiture, rouler sur 200 ou 300 kilomètres… et me recréer une vie ailleurs. Nouvelle ville, nouveau travail, nouveaux repères. L’illusion d’un nouveau départ.

Je l’ai fait plusieurs fois. La dernière fois, c’était quand j’ai quitté les Bouches-du-Rhône. J’y travaillais dans le domaine du tourisme et des loisirs. Je faisais les saisons, été comme hiver. Mais au bout de quelques années à voir tout le monde partir en vacances pendant que je travaillais, et à profiter de mes temps libres en novembre quand le monde reprenait sa routine… j’ai ressenti un profond décalage. J’en ai eu marre. J’ai tout plaqué. À cette époque, je reprenais des études à la fac, j’avais rencontré de nouvelles personnes. Une amie m’a proposé une colocation dans un grand appartement. J’ai dit oui. Et me voilà, dans la région où je vis aujourd’hui.

Mais recommencer à zéro, ce n’est pas aussi simple qu’on le croit. C’est excitant, oui. On se sent libre. On a l’impression de faire un reset. De pouvoir tout réécrire, comme si ailleurs, ça allait forcément être mieux. Mais la vérité, c’est qu’on emporte toujours les mêmes valises. Intérieures, cette fois. Et si on ne prend pas le temps de les ouvrir, de les regarder, de les trier… elles nous suivent partout.

Je ne le voyais pas comme une fuite à l’époque. Pour moi, c’était une nouvelle chance. Un nouveau départ. Mais avec le recul, je sais que je cherchais à échapper à quelque chose. À mes peurs, à mes blessures, à mon besoin de stabilité que je n’avais jamais vraiment appris à cultiver. Je pensais que c’était le lieu qui allait tout changer. Mais ce n’est pas le lieu qui transforme une vie, c’est ce qu’on choisit de faire, ici et maintenant, avec ce qu’on est.

Aujourd’hui, je ne fuis plus. J’ai une famille, des enfants. J’ai posé mes valises. J’ai construit un cadre stable. Mais surtout, j’ai appris que je pouvais bouger autrement : à travers des voyages, des week-ends, des découvertes. Je peux m’offrir le mouvement, sans renverser ma vie. Et surtout, j’ai appris à me rencontrer. À travailler sur ce que je portais en moi, plutôt que de chercher à fuir vers l’extérieur.

Quand j’accompagne des personnes aujourd’hui en coaching, je reconnais ce schéma. Cette envie de tout quitter quand on se sent à l’étroit. Cette illusion qu’ailleurs, ça ira mieux. Ce besoin de devenir quelqu’un d’autre, parce qu’on ne sait plus trop qui on est. Et je le dis toujours : changer de décor ne suffit pas. Si on ne change rien en soi, rien ne change vraiment.

Les blocages ne sont pas là pour nous punir. Ils sont là pour nous montrer là où ça coince, là où on se déconnecte de nous-même. Ce qu’on n’a pas voulu regarder, ce qu’on n’a pas su nommer, ce qu’on a tenté de cacher derrière des déménagements, des reconversions, des décisions impulsives… ça finit toujours par ressortir.

Alors non, l’échec n’est pas un problème. Il est souvent un passage obligé. Il nous confronte. Il nous redirige. Il nous met face à nous-même. Et parfois, c’est justement grâce à ce qu’on n’a pas eu, ou à ce qu’on a raté, qu’on finit par trouver ce qui est profondément juste.

Et si tu ressens cet appel au changement, ce besoin de repartir à zéro… je t’invite à te poser une vraie question : qu’est-ce que tu cherches à fuir ? Et surtout, qu’est-ce que tu veux construire, à partir de toi, là où tu es aujourd’hui ?

Parce que la vraie transformation commence à l’intérieur. Et tu n’as pas besoin de tout quitter pour changer de vie.

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